le musée de l'innocence

Attention chef d’œuvre ! Le musée de l’innocence du Turc Orhan Pamuk est le roman d’une incroyable et folle histoire d’amour, faisant presque passer Roméo et Juliette pour une bluette sans intérêt.

Kemal est un jeune homme bien sous tous rapports, issu de la bourgeoisie stambouliote et promis à la jeune et jolie Sibel. Lorsque le roman débute, au printemps 1975 à Istanbul, les fiançailles doivent avoir lieu quelques semaines plus tard. Les préparatifs battent leur plein, Kemal et Sibel ont tout pour être heureux. C’est sans compter la rencontre fortuite entre Kemal et Füsun, une cousine éloignée dont il tombe instantanément fou amoureux. Sous le prétexte de cours de mathématiques, il lui donne rendez-vous tous les jours, mais leur relation devient rapidement intime. Pourtant, malgré la force de leurs étreintes, Kemal ne prend pas la mesure de son attachement pour la jeune femme et décide tout de même de se fiancer à Sibel, espérant conserver les deux relations intactes. Or après les fiançailles, Füsun disparaît. Commence alors pour Kemal une folle quête dans tous les recoins de sa ville, et qui prendra la forme d’une curieuse collection…

Magnifique roman d’amour, Le musée de l’innocence est aussi une plongée dans la Turquie des années 70-80. Au gré des pérégrinations du narrateur, Orhan Pamuk nous emmène à la découverte d’Istanbul, dans ses quartiers chics et plus modestes, le long du Bosphore, dans ses restaurants, ses boutiques… et dresse un vibrant hommage à sa ville tant aimée. Il nous fait partager le mode de vie des Stambouliotes et vivre avec eux les soubresauts de l’Histoire.

Véritablement envoûtant, le roman est servi par une écriture ciselée (un grand bravo à la traduction de Valérie Gay-Aksoy) et une construction rythmée (pas moins de 83 courts chapitres !), très intelligente, avec un étonnant retournement final. Il comporte de magnifiques pages sur l’amour. C’est l’un des plus beaux romans que j’ai lus ces dernières années. À ne pas manquer !

À offrir à : A un ami à qui vous voulez du bien.

La citation :

C’était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas. Aurais-je pu préserver ce bonheur, les choses auraient-elles évolué autrement si je l’avais su ? Oui, si j’avais pu comprendre que je vivais là le moment le plus heureux de mon existence, jamais je n’aurais laissé échapper ce bonheur.

L’anecdote : Orhan Pamuk – Prix Nobel de littérature 2006 – a vraiment créé à Istanbul un musée regroupant tous les objets mentionnés dans le livre ! Celui-ci a d’ailleurs reçu le Prix du musée européen 2014.

En pratique : Publié chez Gallimard, en poche chez Folio, 824 pages.