Sentinelle de la pluie : c’est le (joli) titre du nouveau roman de Tatiana de Rosnay, paru en mars dernier aux éditions Héloïse d’Ormesson. Quand Linden débarque à Paris pour fêter les 70 ans de son père, il pleut à verse depuis quelques jours. Pas de quoi (trop) inquiéter le jeune homme. Pourtant, la Seine n’a pas dit son dernier mot… Et alors que l’eau va envahir la Ville Lumière, les secrets de la famille Malegarde, jusque-là enfouis avec soin et conservés bien au chaud, sont sur le point de céder…

 

Deux ans après Manderley for ever, la formidable biographie de Daphné du Maurier (si vous ne l’avez pas encore lu, courez vous la procurer !), Tatiana de Rosnay revient avec Sentinelle de la pluie, qui réunit plusieurs thèmes qui lui sont chers : les secrets de famille, le poids du lieu (ici, Paris sous les eaux), la nature, l’homosexualité…

Linden Malegarde vit depuis plusieurs années à San Francisco avec Sacha, l’homme qu’il aime. Photographe mondialement reconnu, il voyage dans le monde entier pour exercer son métier. Juste avant de quitter New York où il a réalisé toute une série de clichés, il a contacté sa mère, Lauren et sa soeur Tilia, suite à un mail de l’hôtel l’avertissant de la crue de la Seine. Leur réponse a été unanime : on maintient le week-end qu’on a mis tant de temps à organiser ! Il faut dire que les occasions de se réunir sont rares : les parents de Linden vivent dans la Drôme, où Paul, son père, est un arboriste de renom quand Tilla, sa soeur, habite Londres avec sa fille et son second mari et essaie de se faire connaître en tant qu’artiste peintre. Paris, situé à l’épicentre de ces différents lieux de vie, a été choisi comme point de ralliement. Pour Linden, la ville a une résonance particulière : c’est là qu’il a passé une dizaine d’années, alors jeune étudiant, et qu’il est devenu qui il est aujourd’hui. Malheureusement dès leur arrivée dans la capitale française, rien ne se passe comme prévu : le premier dîner en famille est annulé à cause des pluies diluviennes et le Paul arrive très fatigué. Puis c’est sa mère qui tombe malade… Au fur et à mesure de la montée des eaux de la Seine, Linden va devoir faire face à son passé et aux secrets qui tombent petit à petit, comme des pièces de domino…

 

 

Dans Sentinelle de la pluie, Tatiana de Rosnay démontre une nouvelle fois ses talents de conteuse. Le roman, une fois entamé, ne se lâche plus. On est embarqué dans cette histoire de famille qui aborde des thématiques particulièrement sensibles comme l’acceptation de soi (à ce propos, Tatiana de Rosnay semble prendre un malin plaisir à nous faire croire que Sacha, prénom mixte, pourrait être une femme : histoire aussi de montrer en quoi les relations hétérosexuelles et homosexuelles sont avant tout des histoires d’amour.) La description de Paris sous les eaux est précise, minutieuse, et assez bluffante.
J’ai aussi particulièrement aimé en apprendre plus sur le métier d’arboriste et sur la puissance des arbres : depuis il n’est pas rare que je veuille câliner un arbre : et cela fait réellement du bien !

Un roman très bien écrit et très agréable à lire !

 

À offrir à : Un.e amoureux.se de Paris. La capitale prend un tout autre visage sous la plume de Tatiana de Rosnay !

La citation :

Ils atteignent le carrefour rue de Lourmel-avenue Emile-Zola où de longues langues liquides viennent lécher le pavé. Des bateaux attendent sous la bruine. Des trottoirs en bois s’élèvent au-dessus de l’eau, s’étirant de chaque côté de la rue de Lourmel. Dans le canot à rames, Linden salue Monique et Franck, qui appartiennent aussi à la cellule de crise de la mairie. Il sort son Leica…

L’anecdote : Tatiana de Rosnay a écrit ce roman en anglais. C’est la traductrice Anouk Neuhoff qui l’a ensuite brillamment retranscrit en français.

En pratique : Publié aux éditions Héloïse d’Ormesson, 365 pages, 22 €.