des vies parallèles Lucy Caldwell

À travers l’histoire de Lara, sortie dévastée d’une histoire familiale complexe, Lucy Caldwell signe un beau roman sur la famille, l’amour et les vertus de l’écriture.

À quoi ressemble la vie d’enfants cachés, non assumés, non reconnus ? Faut-il tout pardonner à ses parents ? Comment les vertus cathartiques de l’écriture se mettent-elles en marche ? Ce sont toutes ces questions et bien d’autres que la romancière Lucy Caldwell explore dans son dernier livre. Souvent retenu à Belfast pour son travail, le père de Lara et d’Alfie n’était pas très présent pour ses enfants basés à Londres. Malgré tout, ils avaient développé pour lui une admiration sans bornes. Quelle fête c’était quand il revenait les voir, toujours avec un petit cadeau pour eux ! A l’âge de 12 ans Lara apprend que son père a une autre famille, située à Belfast : voilà la raison pour laquelle il devait s’absenter si souvent ! Ce n’est pas tout : elle et son frère font partie de la famille non-officielle, celle qu’on cache, qui ne porte pas le même nom. A ces révélations, un monde s’écroule pour la jeune fille, particulièrement affectée. Peu de temps après, son père meurt dans un accident et ce n’est qu’à l’âge de 40 ans, après la mort de sa mère, que Lara Moorhouse se replonge dans cette histoire familiale qu’elle avait tenté d’enfouir au plus profond d’elle-même.

Écrit à la première personne, très maîtrisé, Des vies parallèles est un roman intime et profond, empreint de lyrisme. Lucy Caldwell brosse un portrait émouvant et empathique de son héroïne Lara, que l’on suit dans les méandres de sa mémoire. Les souvenirs heureux de l’enfance de Lara, avant la découverte qui changera sa vie, sont particulièrement bien contés et agréables à lire. En optant pour une structure non figée, Caldwell se laisse le champ libre pour explorer d’autres types de narration et permettre au lecteur de plonger au plus près de son histoire.

Un peu comme Delphine de Vigan dans D’après une histoire vraie, Caldwell, à travers son héroïne Lara, s’interroge sur le rôle de la fiction par rapport à la biographie. « La fiction, c’est la démarche la plus magique et en même temps la plus humaine qui soit ; elle a le pouvoir de guérir, de régénérer, précisément parce qu’elle jette un pont sur nos gouffres. Nous ne saurons jamais ce que c’est d’être quelqu’un d’autre, sinon par la fiction » affirme à Lara son professeur d’écriture. Une leçon qu’a manifestement bien compris Lucy Caldwell, auteur à retenir d’un roman lumineux.

À offrir à : Un amoureux des sagas familiales… Il risque d’être surpris !

La citation :

Curieux comme j’ai été hostile à la fiction, et pendant si longtemps. Je crois que c’est parce que mon père et ma mère se racontaient des histoires pour vivre. Ils s’étaient convaincu d’être les personnages d’une aventure héroïque, d’une grande passion, au mépris de la réalité qui était la leur. Faire une histoire de leur histoire m’a longtemps semblé entrer dans leur jeu.

L’anecdote : Le conflit nord-irlandais tient une place importante dans le récit, sans doute parce que Lucy Caldwell, née en 1981 à Belfast, a grandi dans le chaos de ces années.

En pratique : Publié chez Plon dans la collection Feux croisés, 240 pages,19,90 €