Et rien d'autre

Et rien d’autre

James Salter est mort le vendredi 19 juin à l’âge de 90 ans. En août dernier était paru son ultime livre, Et rien d’autre. Retour sur ce beau roman consacré à la vie, tout simplement.

« La vie, et rien d’autre », tel pourrait être le titre complet de ce roman qui dépeint quarante années de la vie de Philip Bowman, depuis son retour aux Etats-Unis, à la fin de la guerre du Pacifique. A vingt ans, Philip Bowman débarque à New York, ville de tous les possibles. Ne trouvant pas de travail comme journaliste, il se tourne vers l’édition,  un milieu décrit comme fermé, fait de petites structures familiales, où les personnalités des fondateurs dictent les choix éditoriaux. Lecteur dans une maison modeste, il gravit les échelons rapidement. Tout aussi vite, il épouse Vivian, jeune fille originaire de Virginie, rencontrée dans un bar. Et se lance ainsi dans la vie…

Sa carrière, ses relations, son mariage, les trahisons, la perte de ses proches : en piochant parmi les épisodes de son existence, Salter raconte la vie de Bowman, dans ce qu’elle a de plus remarquable mais aussi de plus banal. Sans négliger de nombreux personnages secondaires dans l’entourage de Bowman. Salter s’attache à nous conter de larges parties de leur vie, dont est parfois totalement absent son héros ; c’est d’ailleurs l’une des originalités du roman.

Et rien d’autre est aussi un livre sur l’amour – Philip Bowman n’aura de cesse de rechercher son idéal parmi les femmes qu’il rencontrera – et les souvenirs, deux thèmes auxquels sont consacrés de très belles pages. Salter nous invite à une réflexion sur la fuite du temps, confirmant ainsi qu’il est bien l’écrivain du désenchantement. Le tout est porté par une écriture pleine d’élégance et teintée de mélancolie. Elu « livre étranger préféré des libraires » français, Et rien d’autre est un roman magnifique, à lire absolument.

À offrir à :Un adepte du « less is more » (James Salter n’a publié que 6 romans en soixante ans).

La citation :

Il commanda une bière. Il se sentait flotter dans le temps. Il s’apercevait dans le miroir derrière le bar, entre les ombres et les reflets argentés, tel qu’il s’était vu des années auparavant, fraîchement débarqué dans la grande ville, jeune ambitieux, caressant le rêve de se faire une place au soleil avec tout ce que cela impliquait.

L’anecdote : James Salter (de son vrai nom, Horowitz) était un ancien pilote de chasse, diplômé de l’Académie militaire américaine de West Point. Il a participé à la guerre de Corée, mais a quitté l’US Air Force en 1957 pour se consacrer à l’écriture.

En pratique : Publié aux Editions de l’Olivier, 365 pages, 22 €.