karoo-440801Second roman de l’Américain Steve Tesich, publié à titre posthume, Karoo est un grand et beau livre sur la rédemption d’un homme qui se croyait perdu.

Karoo est un livre fascinant à plus d’un titre. Achevé en 1996 (son auteur décèdera à peine quelques jours plus tard), publié aux Etats-Unis en 1998, ce n’est que 14 ans après, en 2012, qu’il paraît en France. Dans son édition de poche – un fait suffisamment inhabituel pour être remarqué – il est présenté avec une couverture dorée qui ne manque pas d’attirer l’œil du chaland. Enfin, last but not least, Karoo réussit à combiner, grâce à sa puissance d’écriture, tragédie contemporaine et humour noir, tout en constituant un roman d’apprentissage unique en son genre, puisque le héros semble s’accomplir et devenir lui-même à plus de 50 ans.

Parlons-en justement. Saul Karoo est le parfait  antihéros dans les Etats-Unis de la fin des années 80 : menteur invétéré, alcoolique notoire et en surpoids, il gagne (fort bien) sa vie en modifiant des chefs-d’œuvre du cinéma pour les aligner sur les canons hollywoodiens. En instance de divorce, il est père d’un enfant qu’il évite et ne compte qu’un ami. Saul, conscient de cette image et la revendiquant même, se complait dans cette vie qui n’en est pourtant pas une.

Lorsqu’un producteur lui propose de retravailler la dernière œuvre d’un génie du cinéma et qu’il rencontre Leila Miller, l’une des actrices du film, ce sont toutes ses certitudes qui volent en éclats… Même s’il est le seul à le savoir, il est lié à Leila par un immense secret qui va bouleverser sa vie.

Remarquable sens du récit, parfaite maîtrise du rythme, force de l’émotion qu’il suscite (sans échapper à la dureté), Karoo attire les superlatifs. Vraie découverte personnelle, c’est à mon sens un roman qui distille sa petite musique longtemps une fois le livre refermé. A lire absolument !

À offrir à : Un amoureux de la grande littérature américaine.

La citation :

Et c’était quand, me demandais-je, la dernière fois que j’avais mesuré un mètre quatre-vingt ? Et comment avais-je pu perdre deux bons centimètres sans m’en apercevoir ? Qu’est-ce que j’avais fait pendant tout ce temps, et qui m’avait empêché de me rendre compte que j’étais en train de me ratatiner ?

L’anecdote : Steve Tesich est né Stojan Tesic en 1942 dans l’actuelle Serbie et s’est installé aux Etats-Unis avec sa famille à l’âge de 15 ans.

En pratique : Publié aux éditions Monsieur Toussaint Louverture, 608 pages, et en poche chez Points, 592 pages.