La fille du train paula hawkins

Premier roman de Paula Hawkins, énorme succès de l’été 2015, La fille du train (The Girl on the train) est un efficace thriller situé dans la banlieue londonienne.

Rachel Watson, 33 ans, prend tous les jours les trains de 8h04 et de 17h56 pour relier la banlieue où elle vit à Londres. Chaque jour, lorsque le train s’arrête au feu, elle ne peut s’empêcher d’observer le jeune et joli couple qui a emménagé dans la maison en contrebas. À force de les regarder, elle a tout imaginé de leur vie, allant même jusqu’à leur trouver des prénoms, Jason et Jess. Le bonheur manifeste de ce couple lui semble familier, elle qui vivait à quelques numéros de là avec son ex-mari Tom, jusqu’à ce qu’il la quitte pour une autre femme avec qui il a eu un enfant. Pourtant, un matin, elle surprend « Jess » avec un autre homme que « Jason »… Bouleversée par cette vision, craignant que ce jeune couple ne s’effrite comme le sien il y a quelques années, Rachel cherche à en savoir plus. C’est alors qu’elle découvre que la jeune femme qu’elle avait nommée Jess et qui s’appelle en réalité Megan Hipwell fait la une des journaux qui signalent sa disparition. Rachel décide alors de mener l’enquête

Dès les premières pages, on ne peut lâcher La fille du train. Immédiatement, on se prend d’affection pour son héroïne Rachel, femme délaissée devenue alcoolique, dont la vie rebondit lorsque Megan disparaît. On prend plaisir à suivre les péripéties liées à sa résolution de l’enquête, à la voir enchaîner les bourdes et les mensonges. La structure sous forme de journal, et l’alternance entre les pages dédiées à Rachel et celles consacrées à Megan, plusieurs mois avant sa disparition, donnent du souffle à l’histoire. Certains personnages secondaires, comme celui de la gentille colocataire Cathy, dessinent le cadre de vie de Rachel et humanisent le récit.

Un peu plus de scepticisme en revanche concerne le choix manifeste de l’auteur de nous balader pendant plusieurs dizaines de pages sur des voies sans issue. Rachel vit un événement traumatisant au début du roman dont elle a oublié certains moments clés ; tout au long du récit, elle essaye de faire revenir à elle les images dont ne lui parviennent que des bribes, et c’est par miracle, à la toute fin du livre, qu’elle s’en souvient enfin. Autre exemple : elle s’interroge pendant des pages et des pages sur l’utilité d’avoir recours à l’hypnose, avant de décider finalement de ne rien faire. Malgré ces réserves, La fille du train est un très bon roman policier, qui nous emmène au-delà de la résolution de la disparition de Megan, et grâce auquel on passe un excellent moment.

À offrir à : Un inconditionnel d’Agatha Christie, pour lui faire découvrir les talents de la jeune génération

La citation :

Je ne suis plus la fille que j’étais. Je ne suis plus désirable, je suis repoussante, il faut croire. Ce n’est pas seulement que j’ai pris du poids ou que mon visage est bouffi par l’alcool et le manque de sommeil ; c’est comme si les gens pouvaient lire sur moi les ravages de la vie, ils le décèlent sur mon visage, à la manière dont je me tiens, dont je me déplace.

L’anecdote : La fille du train est le premier roman de Paul Hawkins et, comble du succès, les droits d’adaptation cinématographiques ont été achetés par Steven Spielberg himself !

En pratique : Publié chez Sonatine, 381 pages, 21 €