Victor Hugo vient de mourir

Dans son dernier roman extrêmement documenté, Judith Perrignon nous offre une plongée dans ces journées fiévreuses qui ont entouré la mort de Victor Hugo.

22 mai 1885 : Après trois jours d’agonie, entouré des siens, Victor Hugo rend son dernier souffle. Très vite, la nouvelle quitte l’ouest de Paris, se propage comme une traînée de poudre, et atteint toute la capitale. La mort du grand poète, dramaturge, romancier et homme politique, est un événement de premier plan pour la population qui, de l’artisan au député, se sent dans son ensemble concernée. Organisation de funérailles nationales, choix de la date permettant – ou pas – aux travailleurs d’être présents, enterrement au Père Lachaise ou au Panthéon…Toutes ces questions et beaucoup d’autres secouent les Français et cristallisent les divisions à l’œuvre dans la société (bonapartistes/socialistes/anarchistes, clergé/laïques…).

Le 1er juin 1885, une foule immense se presse sur la place de l’Etoile, pour espérer apercevoir le cercueil d’Hugo disposé sous l’Arc de Triomphe, lui-même paré d’un grand drap noir. Puis elle le suit plusieurs heures durant, le long d’une gigantesque procession dans la capitale. Ses proches sont là aussi, les petits-enfants Jeanne et George, inconsolables, leur mère Alice et son époux Edouard Lockroy, sans oublier les fidèles parmi les fidèles, Auguste Vacquerie et Paul Meurice.

Judith Perrignon nous fait vivre, avec moult détails et références historiques, les jours troubles qui ont suivi la mort du grand homme. Elle nous emmène auprès de ceux qui, politiques, journalistes, préfet de police, ministre, ont œuvré pour faire de cet événement les funérailles du siècle. L’emploi du présent permet de donner du souffle à son récit, de prendre de la hauteur par rapport à l’Histoire. Un bémol cependant pour la prose et le ton, trop emphatique à mon goût.

À offrir à : Un passionné de l’œuvre de l’écrivain, qui découvrira le rôle politique qu’il a également joué dans la seconde moitié du 19e siècle.

La citation :

Depuis des jours, elle a vécu suspendue au récit de son agonie, depuis des années au son de sa voix, alors elle vient ou revient, se rapproche, c’est 10 centimes la biographie imprimée depuis quelques jours déjà chez Aubineau, la foule achète, comme elle arrache encore des feuilles au lierre qui déborde du jardin.

L’anecdote : Judith Perrignon est une ancienne journaliste politique, entrée chez Libération en 1991, passé par la rubrique « Portraits », avant de quitter le journal en 2007 et de se consacrer à l’écriture.

En pratique : Publié aux éditions L’Iconoclaste, 256 pages,18 €