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Avec La symphonie pastorale (1919), André Gide nous livre un court et puissant récit sur l’éveil à la vie d’une jeune aveugle.

De quoi parle-t-on ?
De l’histoire de Gertrude, jeune orpheline aveugle, depuis son arrivée dans la famille du pasteur qui l’a recueillie jusqu’à sa fin tragique. C’est le pasteur qui nous en relate les principaux faits, sous la forme d’un journal. Lorsqu’elle rejoint cette famille, Gertrude, qui a vécu plus de quinze ans avec sa vieille tante sourde, ne sait s’exprimer que par grognements. Grâce à l’aide du pasteur, entièrement investi dans sa formation et son développement, elle fait de rapides progrès et devient une belle jeune femme vive, à l’âme pure, au point de susciter le désir des deux hommes de la famille – le pasteur et son fils.

Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ?
L’intérêt du livre ne réside pas ici dans l’intrigue en elle-même, qui peut sembler peu réaliste, mais dans la réflexion à laquelle nous invite Gide. En utilisant la parabole de l’aveuglement, l’auteur nous interroge sur notre perception du monde et des hommes. Gertrude, aveugle, découvre le monde à travers les descriptions du pasteur et vit dans une sorte d’illusion de la réalité. En recouvrant la vue, ce sont des visages, auparavant rêvés, qui s’imposent à elle. Une découverte qui va lui être fatale… Parallèlement le pasteur, d’abord aveuglé par ses sentiments pour Gertrude, en vient à manipuler son entourage et à interpréter les préceptes religieux pour justifier sa conduite.
D’autres questions sont posées : l’amour peut-il être un péché ? La morale religieuse doit-elle s’imposer aux hommes ? Dans quelle mesure peut-on se mentir à soi-même ?
Par ailleurs, avec ce court récit, Gide renoue avec le style classique : l’écriture est concise, sobre tout en étant empreinte de poésie.

Bon à savoir
Accueilli avec réserve lors de sa parution, La symphonie pastorale (dont le titre est tiré de la Symphonie n°6 de Beethoven) est l’un des romans les plus lus de Gide.
Il a été adapté au cinéma par Jean Delannoy et a remporté la Palme d’Or à Cannes en 1946. Michèle Morgan a obtenu quant à elle le prix d’interprétation féminine pour le rôle de Gertrude.

Un extrait

Le péché c’est ce qui obscurcit l’âme, c’est ce qui s’oppose à sa joie. Le parfait bonheur de Gertrude, qui rayonne de tout son être, vient de ce qu’elle ne connaît point le péché. Il n’y a en elle que de la clarté, de l’amour.