Thessalonique, 1917. Dans la deuxième ville de Grèce, par une chaude journée d’été, Olga donne naissance à un fils, Dimitris. Le même jour, un terrible incendie d’origine accidentelle ravage la cité où chrétiens, juifs et musulmans vivaient en harmonie. Cinq ans plus tard, à Smyrne en Turquie (aujourd’hui Izmir, le second plus grand port du pays), la jeune Katerina est arrachée à sa mère lors de la fuite suite à l’invasion turque. Elle embarque seule sur un bateau qui la mènera vers une destination inconnue…

Le Fil des souvenirs est un roman de l’Anglaise Victoria Hislop paru en France en 2013 aux Editions Les Escales, après une première publication en Grande-Bretagne en 2011 sous le titre The Thread. Situé à Thessalonique, il suit une dizaine de personnages pendant une période particulièrement trouble de l’histoire de la ville, entre l’incendie de 1917 jusqu’au tremblement de terre de 1978, sans oublier la rafle des 50 000 Juifs (on estime à 98 % la part de la communauté qui ne reviendra pas des camps de concentration), la longue Résistance, les changements politiques…. Déchirée par les guerres, les révolutions et la haine, Thessalonique a su rester debout malgré les drames.

Après avoir perdu sa mère et sa sœur lors de l’exil de Smyrne, Katerina, recueillie par la dévouée Eugenia, déjà mère de jumelles, débarque à Thessalonique en espérant retrouver la trace de sa famille. Dans la partie haute de la ville où on leur attribue par chance une maison, Katerina, Eugenia et ses filles font connaissance avec leurs voisins, la famille Moreno – Saul, Roza, Elias et Isaac – qui fait partie des tailleurs les plus réputés de la ville, et Olga et Dimitris Komninos, réfugiés dans ce quartier populaire pendant la reconstruction de leur immense demeure. Trois familles dont les destins seront irrémédiablement liés

Mêlant avec brio saga familiale et Histoire avec un grand H, Le Fil des souvenirs s’appuie également sur une galerie de personnages très attachants et un style simple, sans fioritures, mais d’une grande efficacité. Les parties historiques sont si bien documentées que c’en est bluffant ! Enfin, j’ai particulièrement aimé le « fil » rouge (c’est le cas de le dire), tout au long du roman, sur la broderie et la couture, le tissu… Une harmonie est ainsi subtilement créée dans le texte.
Pour moi, un formidable roman qui se dévore, à mettre entre toutes les mains !

À offrir à : Un amateur de sagas historiques.

La citation :

Mai 1917 : Derrière le pâle voile de brume, la mer scintillait. Sur terre, la ville la plus animée et cosmopolite de Grèce vaquait à ses occupations. Thessalonique offrait une variété culturelle éblouissante. La population se composait en parts presque égales de chrétiens, de musulmans et de juifs, qui coexistaient et se complétaient tels les fils tissés d’un tapis oriental. Cinq ans plus tôt, Thessalonique avait quitté le giron de l’Empire ottoman pour entrer dans celui de la Grèce, ce qui ne l’empêchait pas de rester le royaume de la diversité et de la tolérance.

L’anecdote : Victoria Hislop est tombée amoureuse de la Grèce lorsqu’elle était adolescente, à l’occasion d’un voyage avec sa mère et sa sœur, d’abord à Athènes puis dans les Cyclades. Depuis, elle a voyagé dans ce pays plus d’une centaine de fois et a acheté une maison en Crète il y a quelques années, dans laquelle elle réside une partie de l’année.

En pratique : Publié aux éditions Les Escales, 576 pages, 22,50 €, et au Livre de Poche, 8,70 €.