Le livre de ma mère

Le livre de ma mère ou le bouleversant témoignage d’amour d’un fils, Albert Cohen, à sa mère décédée.

De quoi parle-t-on ?
Publié en 1954, Le livre de ma mère est la (longue) lettre qu’Albert Cohen aurait voulu écrire à sa mère de son vivant. C’est aussi le rempart à l’effondrement : Cohen écrit pour affronter sa tristesse, accompagner son deuil. (« Oui, les mots, ma patrie, les mots, ça console et ça venge »).

Il commence par raconter de charmants souvenirs d’enfance car, comme l’explique-t-il, « pleurer sa mère, c’est pleurer son enfance » : l’école avec les sœurs catholiques, son secret « autel à la France » , les promenades du dimanche au bord de la mer. Puis les visites de sa mère, une fois par an, lorsqu’il vivait à Genève. Cohen dresse alors un magnifique portrait de celle qu’il appelle sa « pauvre chérie », sa « bien-aimée », son « adorable » : une femme offrant l’amour le plus pur, s’oubliant pour son fils, acceptant tout de lui.

Dans la dernière partie, Cohen nous dit toute sa colère de vivre dans un monde d’où est désormais absente sa mère, un monde dans lequel elle a ri, fredonné, aimé et qui l’a fait mourir.

Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ?
Albert Cohen sait trouver les mots comme personne, non seulement pour décrire sa mère adorée, cette femme « quotidienne » et sublime, mais aussi pour évoquer sa tristesse, son désarroi de fils abandonné, sa culpabilité de l’avoir fait pleurer. Construit de façon chronologique, le texte acquiert de plus en plus de force au cours de la lecture et l’on ne peut qu’être touché par la sincérité de l’auteur. Il fait partie de ces (rares) livres qui vous tirent des larmes.

Bon à savoir
Albert Cohen, auteur du célébrissime Belle du Seigneur, naît sur l’île grecque de Corfou, émigre avec ses parents à Marseille à l’âge de cinq ans et adopte la nationalité suisse après des études de droit à Genève.

Un extrait

Avec ma mère, je n’avais qu’à être ce que j’étais, avec mes angoisses, mes pauvres faiblesses, mes misères du corps et de l’âme. Elle ne m’aimait pas moins. Amour de ma mère, à nul autre pareil.